Collecter des données pour économiser de l’énergie dans ses bureaux… sans travaux !
La Cour d’Appel de Fort-de-France fait partie des candidats de la première édition du concours CUBE État. Pour elle, recueillir des données fut une étape primordiale afin de réaliser plus d’économies d’énergies.
A Fort-de-France, chef-lieu de la Martinique, les températures tombent rarement en dessous des 20 degrés… En moyenne sur l’année, elles culminent à 26,5 degrés celsius – à titre de comparaison, en France métropolitaine, on estimait la moyenne à 14,1 degrés en 2020. Pour faire face à de telles chaleurs, la climatisation est souvent indispensable, notamment dans les bureaux. Mais c’est aussi un gouffre énergétique… Stéphane Sonder, technicien immobilier, en sait quelque chose. Depuis 2020, il est chargé de la maîtrise du bâtiment et des économies d’énergie de la Cour d’Appel et du Tribunal Judiciaire de Fort-de-France. Il nous partage son retour d’expérience.
Mettre à jour ses données pour mieux comprendre ses dépenses énergétiques
“Quand je suis arrivé à mon poste il y a quelques années, mon premier constat, nous raconte-t-il, a été celui du manque de mises à jour sur les informations concernant les bâtiments.” Le nom de chaque bâtiment, leur surface… Les données n’avaient pas été actualisées depuis longtemps. Ce fut, se souvient Stéphane Sonder, un “gros travail de fond”, mené main dans la main avec les services immobiliers de l’Etat et EDF.
Après un an de collecte de données, le technicien spécialisé a pu optimiser les contrats d’énergie de la Cour d’Appel, qui avaient trop longtemps été “sur-évalués”. “En août et septembre, nous en étions à 15 000 euros de dépenses EDF. En décembre, rien qu’en ré-ajustant nos offres, nous passions à 10 000 euros mensuels, pour une surface d’un peu plus de 3000 mètres carrés.”
En parallèle, Stéphane Sonder se penche sur la gestion technique du bâtiment (GTB), en analysant “de A à Z” les points de consommation énergétique… et là encore, les surprises se multiplient.
Une facture liée à la climatisation diminuée de moitié
Il s’aperçoit notamment que de nombreux bureaux sont climatisés le week-end, alors que personne n’y travaille. Du côté des salles d’audience, ce n’est guère mieux. Deux d’entre elles sont rafraîchies tout au long de la journée, tous les jours, sans aucune régulation… Elles ne sont pourtant utilisées que les mardis et jeudis.
“Le midi, on laissait également la climatisation tourner dans les bureaux, si des employés souhaitaient y déjeuner. Sauf que cela n’arrivait jamais, et ne servait donc à rien…”
A l’aide d’un ingénieur et des conseils du magistrat, l’expert a pu revoir le planning et adapter le système de climatisation en conséquence… Il a également ajouté une prise en compte des courbes de température de l’île. “Toutes les deux ou trois semaines, les réglages de consignes des clims sont ajustés en fonction de ces prévisions, pour maintenir dans nos locaux proches des 26 degrés recommandés par l’Etat”, précise-t-il à ce sujet.
Le personnel s’est également aperçu du fait qu’un mauvais entretien du système calorifuge (l’isolation des tuyaux de chauffage ou d’eau chaude) entraînait “une surconsommation de la climatisation”. “Nous veillons depuis à les remettre en état, et nous avons également sensibilisé les utilisateurs du bâtiment à propos des marques d’usure que l’on peut observer. Par exemple, si l’on voit des tâches jaunes apparaître sur les faux plafonds, c’est qu’il faut s’en occuper, voir si le calorifugeage n’a pas été endommagé par les effets de condensation, les différences de températures entre celle du plafond et celle des bureaux .”
La Cour d’Appel s’est fait accompagner sur ce dernier point par un bureau d’études spécialisé, afin de “gagner en efficacité” sur la recherche d’humidité ou de fuites énergétiques.
Au bout du compte, de belles économies ont été réalisées… “Le niveau de consommation énergétique lié à l’usage de la climatisation, qui représente notre poste le plus énergivore, a diminué de 50%”, se réjouit Stéphane Sonder.
Sensibiliser le personnel aux gestes éco-responsables
D’autres mesures écologiques ont d’ores et déjà pu être mises en place à la Cour d’Appel de Fort-de-France, candidate du concours CUBE État. L’éclairage d’ambiance, qui mettait en avant le beau bâtiment moderne, est désormais plus tamisé le soir. Il s’arrête plus tôt, dès 19h30.
“Nous allons également débuter une campagne de communication sur les gestes éco responsables, souligne le technicien immobilier du bâtiment. Nous allons mettre en place 17 recommandations à appliquer au quotidien, soit un peu plus que les 15 recommandations pour la sobriété conseillées par l’Etat.”
“Nous procédons par phases, conclut Stéphane Sonder. D’abord, nous avons agi de façon à améliorer notre compréhension du bâtiment, en observant déjà des économies d’énergies notables à ce stade, malgré des températures hautes. Les prochaines étapes nous permettront de poursuivre sur cette voie !”