Un bâtiment énergivore des années 70 : le défi du Centre Administratif Départemental (CAD) des Hauts-de-Seine dans le concours CUBE État
Pour répondre aux appels à la sobriété lancés par le gouvernement, la préfecture des Hauts-de-Seine a lancé plusieurs actions conjointes. Retour d’expérience.
Dès le début des années 2000, s’est posée la question de l’avenir du bâtiment qui accueille plusieurs services de l’État en plus des équipes de la préfecture des Hauts-de-Seine. Ce vaste immeuble, une tour de 25 étages et 113 mètres de hauteur (classé IGH = Immeuble de Grande Hauteur), a été construit dans les années 70, a une époque où la question de sobriété énergétique était moins préoccupante qu’aujourd’hui. Il reste particulièrement énergivore… Gauthier Cazor, Directeur adjoint du secrétariat général commun départemental et chef du pôle moyens mutualisés, nous détaille le plan d’actions mis en place pour y remédier, année après année.
Une passoire thermique et des usagers réticents : le double-défi initial de la préfecture
La problématique de départ était double. D’un côté, des difficultés inhérentes à la structure du bâtiment, construit à une époque “où certaines régulations et diagnostics de performance énergétique n’existaient pas encore.” “C’était avant le choc pétrolier, raconte Gauthier Cazor, et on se souciait alors peu du prix de l’énergie, ou des questions environnementales…” Résultat : une véritable passoire thermique. Il y faisait très froid en hiver sur la façade nord, très chaud en été sur la façade sud, et obtenir une température à peu près homogène toute l’année relevait du défi, alors que le gouvernement multipliait les encouragements à plus de sobriété dans l’administration.
L’autre difficulté posée était plutôt liée à la réaction des utilisateurs du bâtiment, qui étaient peu réceptifs, du moins au départ, aux messages sur les économies d’énergie à réaliser. “Ces messages n’étaient pas audibles dans la mesure où ils avaient soit trop chaud, soit trop froid, et ne comprenaient pas toujours, emmitouflés dans leurs gros pulls, que l’on veuille réduire la consommation énergétique. Cela a conduit à des comportements parfois contre-productifs : certains amenaient des chauffages d’appoint et les laissaient tourner toute la semaine”, se souvient Gauthier Cazor.
Une rénovation globale du bâtiment étalée sur plusieurs années
Pour solutionner les deux problématiques, il fallait donc allier économies d’énergie et confort.
Cinq grandes thématiques ont été identifiées : l’électricité – l’un des postes de dépenses les plus importants de la préfecture -, les fluides, puis les mobilités, le gaspillage, notamment alimentaire, et enfin, le tri sélectif.
La préfecture des Hauts-de-Seine a lancé de grands travaux d’étanchéité, d’isolation du bâtiment, ainsi que des actions dont le retour sur investissement a été visible à plus court terme, comme le remplacement de toutes les vieilles ampoules par des ampoules LED, qui consomment moins. “Etant donné la taille du bâtiment, qui rassemble 2000 agents et 10 administrations, la moindre opération coûte cher, et dure un certain temps… Nous avons rencontré certaines difficultés, comme le fait que les logiciels de gestion actuels nécessaires au pilotage de l’immeuble au quotidien ne soient pas toujours compatibles avec les installations, très anciennes. La rénovation globale du bâtiment doit s’étendre jusqu’en 2030”, précise le chef du pôle moyens mutualisés.
En parallèle de ce vaste “plan d’action à tiroirs”, il fallait aussi veiller à sensibiliser et engager les différents acteurs.
Comment la préfecture a finalement réussi à mobiliser ses usagers
Sensibiliser les usagers du bâtiment n’a pas été chose aisée, confie Gauthier Cazor. Non seulement il constatait quelques réticences liées au manque de confort au quotidien dans les bureaux, que nous évoquions plus tôt, mais les équipes peinaient aussi à faire valoir leurs avancées.
Les mails finissaient souvent dans les corbeilles, et les affichages ne semblaient guère avoir plus de succès… “Nous avions bien du mal à atteindre notre cible lorsqu’on communiquait sur les gestes éco-responsables”.
Pour remédier à cela, la préfecture s’est appuyée sur un réseau d’ambassadeurs sobriété, dès 2021. Désignés chaque année par les directeurs des services de l’administration, ces employés font office de véritable “points d’entrée” et de relais entre les équipes en charge du développement durable et le reste des employés. C’est une façon astucieuse de communiquer plus directement, via quelqu’un qui “travaille déjà à votre étage”. Le relais d’information est ainsi moins impersonnel, et a davantage d’impact.
Plus récemment, début 2024, l’administration a aussi lancé un “club des managers” qui porte sur différentes thématiques, et notamment sur le développement durable. Composé de volontaires, c’est un groupe de discussion transversal, qui peut lui aussi être mobilisé pour faire connaître certaines actions, rapporter les résultats du suivi “presque quotidien” des économies d’énergies et des dépenses. Il permet de réorienter la discussion, sur la baisse du chauffage par exemple, et la rendre plus participative.
Le dernier levier d’action, souligne Gauthier Cazor, a été l’esprit de compétition sain, le “challenge” insufflé par le concours CUBE État. En souscrivant à cette mise en concurrence, la préfecture a pu rendre plus concrètes ses diverses réalisations et mesurer ses progrès, fruits des efforts de tous les occupants ainsi que les travaux successifs.