Romain Gorges, chargé de missions de la Direction de l’Immobilier de l’Etat est intervenu dans la réunion candidats CUBE ETAT du 2 avril 2024, afin de présenter un keynote sur le “non-usage”.
L’énergie au service de mes besoins
Romain débute en donnant une définition de l’énergie : “L’énergie, c’est ce que nous utilisons pour réduire l’écart entre ce qu’on a et ce qu’on veut.”
L’énergie n’est pas utilisée en tant que telle, les kilowattheure, des litres de pétrole et des kilos de bois par exemple, ne permettent pas de répondre directement à nos besoins.
Pour ce faire, nous avons besoin d’alimenter des systèmes énergétiques qui nous rendent des services énergétiques, c’est ce qui nous permet de satisfaire nos besoins.
S’il n’y a pas d’usage d’un système énergétique lié à un besoin d’activité, de confort ou une contrainte :
- De sécurité,
- D’hygiène,
- Ou plus largement réglementaire.
Le système énergétique doit être éteint et sa consommation être nulle, dans un scénario utopique.
Ainsi, les plus gros gisements d’économies d’énergie accessible se cachent dans le “non-usage”.
Exemples de non-usage : système énergétique réactif
J’appuie simplement sur un bouton et mon besoin est comblé : la lumière par exemple.
Un besoin : être en situation de confort visuel à mon poste de travail
Un service rendu : un complément de lumière artificielle
Système énergétique : installation d’éclairage
Sur le schéma ci-dessous, nous pouvons observer des zones de non-usage, correspondant au moment où le système doit être éteint.
En général, un éclairage sur horloge peut être mis en place (parmi d’autres propositions) pour gérer les systèmes énergétiques.
Lorsqu’un tel type d’installation est mis en place, ou bien un détecteur de présence, il reste des zones où l’éclairage reste activé, sans qu’il y ait pour autant un réel besoin, il y a donc un gaspillage d’énergie qui est réalisé.
Tout l’enjeu est d’identifier les zones de non-usage et le moment où les systèmes consommant de l’énergie sont activés.
Pour le détecteur de présence, par exemple l’enjeu sera de mieux le régler, il y a ainsi une diminution de la zone lors de laquelle on ne répond à aucune forme de besoin (cf. schéma ci-dessous).
Dans l’idéal, ce qui fonctionne le plus efficacement possible c’est l’interrupteur.
Le service est activé uniquement lorsqu’il y a un réel besoin.
Cependant, si l’interrupteur est mal utilisé il peut y avoir une consommation disproportionnée par rapport à un service qui a une petite part dans le temps.
Il est important d’identifier les systèmes énergétiques réactifs au sein des bâtiments et de regarder systématiquement de quelle manière ils sont activés.
De ce fait, le but est de repérer les cas de non-usage pour pouvoir y travailler dessus.
Ici, l’exemple a été pris avec l’éclairage, mais cela fonctionne également très bien avec les sujets de ventilation.
Exemples de non-usage : système énergétique à inertie
L’exemple pris ici est celui du chauffage.
Un besoin : être en situation de confort thermique dans mes locaux
Un service rendu : augmentation de la température ambiante de l’air
Système énergétique : installation de production/distribution/émission de chauffage
Le graphique ci-dessous caricature le besoin : il y a un besoin de chauffage à partir du moment de l’arrivée sur le lieu de travail, jusqu’au moment du départ.
“Dans un monde parfait, ce qu’on aimerait ce que la température soit mise à niveau immédiatement, à partir du moment où je suis installé à mon poste de travail. C’est impossible car ça nécessiterait un appel de puissance infini. Ce qui est impossible car les systèmes de chauffage fonctionnent sur des principes inertiels.”
Romain poursuit : “Si j’allume le chauffage dans le bâtiment dès mon arrivée, il va se passer un certain nombre d’heures le temps que celui-ci monte en température. Cela va générer beaucoup d’insatisfaction : l’écart entre ce qu’on avec ce que l’on veut.”
Les solutions pour palier à cela sont donc de laisser le système tout le temps en chauffe, sans planning. Cela pouvait être le cas fut un temps, ça l’est beaucoup de nos jours.
Aujourd’hui, il existe des plannings de chauffe, qui ne sont pas toujours parfaitement optimisés.
En général, les réglages permettent d’être à la bonne température avant l’arrivée des occupants.
Tout l’enjeu du non-usage sur les systèmes de chauffe, c’est de réduire le plus possible la période entre le moment où le volume est porté à la bonne température et le moment de l’arrivée du premier occupant.
C’est ce qui est matérialisé sur le schéma ci-dessous.
Nous pouvons remarquer qu’il y a toujours des zones de gaspillage relativement importantes.
Dans ce cas-là, la sobriété énergétique peut venir compléter l’efficacité énergétique.
Romain précise : “l’efficacité énergétique, c’est répondre à un même besoin, en consommant moins d’énergie. Ainsi, en optimisant le planning de chauffe, je ne change pas le besoin mais je fais en sorte d’y répondre de manière plus efficace en utilisant moins d’énergie.
La sobriété entre en jeu à partir du moment où l’on accepte de se dire que par exemple, sur la première heure d’arrivée au travail ou bien sur l’heure avant de quitter le bâtiment, que les températures dans les locaux soient plus basses.
Si ce travail sur le non-usage est correctement mené, il y a une opportunité pour aller chercher des économies d’énergie encore plus importantes.
Romain conclut en disant que “les plus gros gisements d’économies d’énergie se cachent là où très peu de personnes investiguent : dans les non-usages.
Pour gagner la bataille des économies d’énergie : attaquez vous à votre talon (d’Achille) de consommation énergétique : c’est-à-dire la consommation énergétique qui subsiste quand on pense que tous les équipements sont coupés.”
