Les actions du palais de justice de Papeete pour économiser l’énergie !

La candidature du palais de justice de Papeete est représentée par Patrick Pagès et son équipe.
Les chefs de cours du palais font confiance à Patrick qui est le référent énergie de l’Etat sur place, et qui a impulsé l’inscription du bâtiment dans le concours. 

Pourquoi est-ce important pour le palais de justice de Papeete de participer à CUBE ETAT ?    

Patrick Pagès : Cela fait une suite logique à la politique générale du ministère de la Justice.
Le fait d’avoir le soutien et la confiance des magistrats du bâtiment est également un atout pour mener à bien les actions nécessaires pour générer des économies d’énergie.  

À Papeete il y a une certaine culture énergétique déjà existante, avec la conjoncture actuelle il est toujours intéressant de pouvoir réaliser des économies d’énergie et le concours CUBE ÉTAT est un bon levier. 

Quelles actions avez-vous déjà mis en œuvre avant votre participation dans le concours (Travaux, techniques, éco-gestes, usages ou autres) ?   

P.P. : Depuis 3 ans, il y a un travail effectué sur le contrat multi-technique, ce n’est pas lié à 100% au développement durable, mais le fait d’avoir un contrat de ce type impacte la maintenance, ce qui joue énormément sur les équipements, qui de ce fait fonctionnent mieux et consomment moins.

Sur les 4 dernières années, nous avons entrepris diverses rénovations. 
Le relampage LED a été effectué sur la quasi-totalité du palais de justice, des détecteurs de présence ont été installés dans tous les sanitaires.
La majeure partie du travail a été effectuée sur la climatisation : avec l’impact de la chaleur 60 à 70% de la consommation énergétique est liée à la climatisation en Polynésie. Il y a donc un véritable gisement d’économies à chercher.
Il y a eu une modification des consignes de température, nous sommes passés à 24°C.
Le taux d’humidité est de 90 à 95% en Polynésie, de fait,  la climatisation à 26°C n’est pas tenable dans ces conditions pour le confort des occupants.

 

De plus, la période du Covid a impacté le comportement des occupants, beaucoup ont pris l’habitude d’ouvrir les fenêtres et les portes pour aérer les locaux, cette routine a perduré.
Nous avons donc installé des détecteurs de présence et des contacts de feuillure sur les fenêtres, car les occupants ont pris l’habitude de régler la climatisation à fond en ouvrant les fenêtres. Il fallait prendre une mesure car la sensibilisation ne fonctionnait pas tout le temps.
  

Quelles sont les particularités du palais de justice ?  

P.P. : Le bâtiment est particulier car c’est un patio : on rentre par une porte et tout l’espace est ouvert, tous les bureaux donnent vers l’extérieur, il n’y a pas de couloirs, dès que la porte est ouverte, cela donne vers l’extérieur, y compris la climatisation…
Nous avons installé des fermes portes, pour un souci de sécurité, car des portes de bureaux pouvaient rester ouvertes.

Il y a eu beaucoup de recrutement, quasiment 40 personnes depuis mon arrivée, les bureaux sont très tassés et pas vraiment agrandis, il y a beaucoup de monde, donc il fait vite chaud.

L’avantage de Papeete c’est qu’il y a beaucoup de soleil, donc les projets photovoltaïques ont été développés au fil des années.
 

Dans le but de générer des économies d’énergie, avez-vous fait des modifications techniques depuis le début du concours ? Si oui, lesquelles ?  

P.P. : Nous sommes en train de travailler sur les petites consommations, qui peuvent être tout de même énormes, par exemple la nuit on consomme beaucoup. Nous sommes en train d’émettre des programmateurs : car il y a beaucoup de fontaines d’eau qui font eau chaude / eau froide, nous nous sommes aperçus que ça consomme énormément, la journée nous sommes obligés de laisser en marche mais la nuit ce n’est pas vraiment requis.
Les programmateurs sont installés sur chaque appareil pour voir ce que représente leur consommation durant la nuit, afin de comprendre d’où part l’énergie. 

De plus, nous sommes entre 60 et 70 occupants sur le bâtiment principal, tous avec des doubles écrans, ce qui représente au moins 120 écrans.
Un écran qui ne s’éteint pas c’est 100 watts à l’heure, multiplié par 120, il y a donc la possibilité d’envisager leur arrêt automatique, idem pour les imprimantes. 

Enfin, il y a un travail d’installation de sous compteurs intelligents en cours, afin de remonter les données directement sur l’OSFI pour avoir les consommations réelles du bâtiment et non pas les pourcentages, la finalisation aura lieu courant septembre ou octobre.
 

En juillet 2023, un travail de remplacement d’un ensemble de groupes froid a été réalisé : 17 appareils vieillissants ont été remplacés par des climatiseurs moins énergivores. 

Des détecteurs de présence ont été installés sur les clims, si l’occupant quitte son bureau pendant 1 heure, la consigne monte automatiquement à 26°C, au bout d’une heure de plus la clim est arrêtée automatiquement.
L’arrêt automatique de la clim a également été programmé à des horaires précises : 12h, 16h et 20h.  

Avez-vous des actions en projet ?  

P.P. : En effet il y a un projet à l’horizon 2025, mais pas sur le bâtiment actuel engagé dans le concours, cela concerne un autre bâtiment : le tribunal foncier.
A midi nous avons constaté un pic de production (un surplus d’énergie), c’est l’horaire où le soleil est le plus présent, comme il y a des arrêts automatiques des clims pendant que les gens vont déjeuner, cette énergie n’est pas utilisée.
Une solution envisagée est d’acheter des voitures électriques (via un renouvellement de parc / flotte automobile) et de les brancher sur la pause du midi.
La nuit on se servirait ainsi des batteries des voitures pour alimenter le bâtiment, elles seraient branchées sur le réseau du ministère de la Justice. Le but serait de stocker ce surplus d’énergie (actuellement vendu à Engie) ainsi elles serviraient de production électrique la nuit. 

Enfin nous avons pour projet futur l’installation de brasseurs d’air en complément de la climatisation, la ventilation créée permettra d’augmenter la consigne de température sans impacter le confort. 

 

Quelles actions avez-vous menées pour impliquer les occupants dans le concours ?   

P.P. : Pour le moment il n’y a pas eu de gros ateliers, de la sensibilisation a été effectuée dans les bureaux des services les plus importants. Par exemple lorsqu’il y a entre 7 et 8 personnes dans le même bureau, nous avons effectué une sensibilisation sur comment gérer l’ouverture des portes ou la ventilation des bureaux.
A cette époque de l’année (entre avril et octobre) l’air est plus frais car c’est la période de l’hiver austral, la nuit est plus fraîche avec une température moyenne de 20°C.
Je préconise donc d’ouvrir les bureaux pendant la nuit pour faire rentrer l’air frais et éviter ou retarder le recours à la clim durant la matinée.  

Les occupants sont plutôt impliqués dans le concours.
Le syndicat trouve que la démarche est intéressante, ils seront donc éventuellement amené à animer des petits ateliers dans les prochaines semaines.
 

Pour impliquer davantage les occupants, la solution serait de proposer des actions plus ludiques ou sous forme de jeux.
Par exemple j’ai installé une télévision qui affichait la consommation d’énergie (consommation et économies grâce aux installations, etc.) à l’accueil du tribunal. Mais c’est trop technique et la plupart des gens ne comprenait pas cet affichage.
A côté de ça, nous avons trouvé des vidéos issues du ministère de la justice (sous forme dessin animé) et elles ont plus marqué les occupants.
Ce genre de format est appréciable et il faudrait les décliner, car cela peut impacter tout autant les occupants que les visiteurs : car les bâtiments de la justice accueillent environ entre 500 et 600 personnes par jour.
 

De plus, le kit candidat a été diffusé auprès des occupants via une newsletter interne rappelant les bons gestes.  

Dans l’ensemble les occupants respectent et s’adaptent aux usages préconisés.  

 

Quels sont les obstacles que vous avez rencontrés ? Ou que vous rencontrez actuellement ?  

P.P. : J’effectue la majorité des actions seul, je n’ai pour le moment pas d’équipe projet, mais je peux tout de même m’appuyer sur le relai du service de communication.
Cependant je ne suis pas bridé car j’ai la confiance du personnel et des chefs de cours.  

Je constate tout de même que les bons résultats résultent en grande partie du côté technique et un peu moins de la partie usage, sur l’humain.
Il y a une opportunité pour l’année prochaine enfin d’embarquer un peu plus les occupants, car les gisements obtenables avec les actions techniques vont diminuer.
 

Le côté négatif de l’automatisation des équipements, c’est que l’on s’aperçoit que les occupants sont habitués à ne plus rien faire d’eux-mêmes, ne plus faire attention à leurs gestes.
Il faut trouver le juste milieu, car des occupants y pensent et d’autres non, c’est pour cela qu’on est obligé d’automatiser, surtout sur la climatisation qui est le poste de consommation le plus important.
Il y a donc un véritable enjeu autour de la prise de conscience.  

 

Quels changements concrets espérez-vous voir à la fin de votre participation dans CUBE ETAT ? 

 

P.P. : Le fait d’avoir une communication sur les économies générées et la potentielle victoire (à date) dans un concours sur l’énergie dans les DOM-COM ça pourra peut-être provoquer un engouement sur les prochaines années et ouvrir la voie à des actions sur d’autres sites.

Le but est de faire perdurer les bonnes pratiques pour les occupants et la bonne gestion technique du bâtiment. 

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